Vers la fin du plastique à usage unique ?

L’Espagne décide de réagir face à l’immense mer de plastique qui existe maintenant sur les côtes méditerranéennes. En effet, la mer Méditerranée est la sixième plus grande zone d’accumulation des déchets marins. Ainsi, l’Espagne vient de voter, le 2 juin 2020, une loi visant à se débarrasser du plastique à usage unique. L’Espagne est le second pays à rejeter le plus de déchets plastiques en Europe. Le pays initie donc ses premiers pas vers la réglementation stricte du plastique à usage unique.

Le plastique met environ 100 à 1000 ans à se dégrader naturellement dans l’environnement. Une déliquescence si longue, qu’il s’avère que la quasi-totalité du plastique à usage unique créé dans l’histoire, existe encore aujourd’hui. L’Espagne est le second pays d’Europe à rejeter le plus de plastique dans la mer après la Turquie. Situation à laquelle l’Espagne décide de remédier.

Plastique à usage unique en masse : l’Espagne dit non !

Le plastique à usage unique désigne le plastique produit par une entreprise à partir du pétrole ou des énergies fossiles. Ce plastique « tout neuf » ne sera ensuite utilisé qu’une seule fois avant d’être acheminé vers une décharge ou pireDans la mer. Le plastique est partout. Cette matière est utilisée dans les transports, dans le domaine de la santé, dans les textiles, les objets domestiques, les communications et les loisirs

L’Espagne consomme énormément de plastique, environ 3,84 millions de tonnes de plastique chaque année. Avec l’arrivée de millions de touristes venant profiter des côtes espagnoles, le tourisme génère 40% des déchets marins pendant l’été. L’Espagne représente à elle seule 10% de la consommation européenne de plastique à usage unique.

Cependant, cette situation est sur le point de changer…

Le plastique à usage unique, pour l’Espagne, c’est (presque) terminé !

Cela vient tout juste d’être voté. Le 2 juin 2020, le Conseil des ministres espagnol adopte un projet de loi visant à réduire drastiquement le plastique à usage unique. Les cibles ? Plastiques, boîtes, emballages de restauration rapide etc…

« Si nous entassions l’ensemble des déchets produits en une seule année en Espagne, nous pourrions remplir 2.900 fois le stade Santiago Bernabeu »

Teresa Ribera, Ministre pour la transition écologique

D’ici 2021, il sera désormais interdit d’introduire sur le marché espagnol des produits faits de plastique à usage unique. Tels que les cotons-tiges, assiettes, couverts en plastique, paille et autres emballages faits de plastique.

Ces directives limitent l’acte d’achat, de fabrication, voire même d’importation de ces produits sur le marché espagnol. Puis en 2023, la distribution de produits emballés avec du plastique sera interdite gratuitement. Les emballages en plastique de produits vendus devront être facturés. L’achat devra apparaître sur le ticket de caisse.

Cela pourrait être le cas pour les sacs plastiques distribués dans les supermarchés par exemple. Il est prévu par ce nouveau projet de loi que cette taxe soit indirecte. Cette taxe devrait être également appliquée prochainement dans des pays comme le Royaume-Uni ou l’Italie.

Plastique à usage unique : des changements à l’échelle européenne

Il est vrai que l’Espagne était le dernier pays à ne pas avoir présenté sa contribution à la stratégie européenne pour le climat. Le projet adopté par l’Espagne devrait être totalement effectif d’ici 2030. La Commission européenne s’est déjà fixé des objectifs d’efficacité énergétique et de répartition des dépenses pour les énergies renouvelables. Ce nouveau projet de loi espagnol s’inscrit dans la ligne politique exigée par l’Europe. Le projet de loi prévoit notamment 47 milliards d’euros sur 10 ans d’investissement. L’objectif est de rendre notamment l’Espagne Carboneutre d’ici 2050.

Les Îles Baléares contre le plastique à usage unique

Les Îles Baléares situées au large de la côte Est espagnole, pâtissent du rejet de déchets plastiques causé par le tourisme. Bien que ces Îles soient dirigées par une autorité autonome, celles-ci demeurent reliées à la politique espagnole. Avant ce projet de loi, l’Espagne n’avait aucune limitation concernant l’enfouissement des déchets plastiques dans la terre.

Avec près de 20 millions de touristes tous les ans, les Îles Baléares ont été particulièrement touchées par le phénomène. C’est pourquoi, le Parlement de la communauté autonome des Baléares a décidé de réagir contre le plastique à usage unique.

Ce dernier a notamment adopté une loi, bien avant l’Espagne, pour limiter l’utilisation du plastique à usage unique. Mais aussi l’enfouissement des déchets plastiques dans le sol.

L’organisation WWF a tiré la sonnette d’alarme

Ce qui a déclenché la stratégie européenne pour le climat est un rapport mené par la WWF. Publié la même année que l’annonce des nouvelles exigences européennes pour le climat, le rapport dresse un portrait extrêmement alarmant concernant les déchets plastiques.

Face à des statistiques très précises concernant de nombreux pays européens dont la France, la WWF donne aussi des recommandations.

Tout d’abord, l’organisation a demandé un accord international afin de réglementer de façon urgente la production de plastique à usage unique. Toutefois, le rapport concerne aussi :

la lutte contre le matériel de pêche « fantôme » dans lequel de nombreuses espèces se retrouvent prises au piège.

favoriser le recyclage.

– Une partie des conseils publiée par la WWF vise à motiver les industries à créer plus d’alternatives. Notamment concernant le recyclable et le compostable.

-Enfin, le dernier point porte sur l’usage du plastique dans le tourisme. Notamment en ce qui concerne l’utilisation des gobelets, pailles, sacs plastiques etc…

À la suite de quoi, la Commission européenne a en effet commencé à réagir en annonçant ses premières mesures et exigences pour le climat.

La production de plastique à usage unique dans le monde

Le plastique connaît un grand essor juste après la Seconde Guerre mondiale. Les principaux producteurs de cette matière très malléable sont à l’époque les États-Unis. Le plastique se substitue pendant la guerre à d’autres matériaux utilisés pour l’armement. À la fin de la guerre, la société se rend vite compte que l’usage du plastique peut s’étendre à un grand nombre de secteurs.

Dans la production d’objets domestiques et électroménagers, dans le domaine de la communication, des transports etc… Le plastique améliore également les conditions de travail du personnel médical ainsi que des athlètes…

Bref, le plastique est partout. Très vite, on s’aperçoit que sa destruction va s’avérer plus compliquée qu’il n’y paraît. Non-biodégradable, le plastique peut rester plus de 1000 ans dans l’environnement sans se désagréger.

Où stocker le plastique à usage unique ?

Si de vastes terrains inhabités sont transformés en décharges, bientôt, les stocker ne suffira plus. Très vite, les déchets plastiques envahissent les mers. Avec le mouvement des courants, les déchets restent dans certaines mers et océans concentrés, sans pouvoir transiter.

Il existe aujourd’hui cinq zones massives ressemblant à des décharges géantes de plastique en mer. Résultat, entre 8 et 12 millions de tonnes de plastique à usage unique est rejeté dans les océans. C’est l’équivalent d’un camion poubelle rejeté dans la mer par minute.

Pire, le plastique provoque la mort de près de 700 espèces. Tous les ans, près de 100 000 animaux marins meurent des déchets plastiques et 1 million d’oiseaux. Lorsqu’ils ne s’étranglent pas avec, les animaux ingèrent du plastique en le prenant pour de la nourriture. Ils meurent par la suite, à cause des toxines que cette matière contient.

Le plastique à usage unique, impacte-t-il la santé des êtres humains ?

Si d’ici 2050 il y aura plus de plastique que de poisson (en poids) dans les océans selon les prévisions, les humains aussi sont directement concernés par le plastique. Peu à peu, les hommes se transforment en plastique. En 2018, des études scientifiques démontrent que des micro plastiques sont retrouvés dans les excréments humains.

On ignore encore comment les humains l’ingèrent. Cela peut provenir des ustensiles de cuisine ou encore des vêtements. Cependant, une chose est sure, les humains ingèrent environ une carte de crédit par semaine. Nous ignorons encore à ce jour les retombées de la présence de micro plastiques sur notre organisme.

Existe-t-il des solutions au plastique à usage unique ?

Mieux réfléchir au traitement du plastique est devenu un enjeu vital. De nombreux moyens commencent à émerger, mais peinent pourtant à se démocratiser. Le recyclage par exemple, consiste à transformer le plastique déjà créé, pour lui donner une deuxième vie après sa première utilisation. Si ce procédé ne permet pas de faire disparaître le plastique, il permet en tout cas, de réduire la production de plastique supplémentaire.

Seulement, ces effets sont encore minimes. Seuls 6% des déchets plastiques générés par l’Europe sont recyclés. Nous sommes donc bien loin d’avoir réglé le problème.

Miser sur le biodégradable pourrait bien être la solution. Certaines fibres comme la canne à sucre ou le maïs permettraient de remplacer l’usage du plastique. Cependant, seules des petites communautés commencent à appliquer cette alternative dans leur vie quotidienne.

L’extinction du plastique à usage unique, est-elle incompatible avec la consommation ?

Les grandes entreprises pourraient grandement concourir à sensibiliser au problème que pose le plastique à usage unique. Adidas par exemple, produit désormais ses chaussures uniquement avec du plastique recyclé. Plusieurs marques de vêtements se mettent maintenant à produire des modèles en plastique recyclé. Certaines grandes chaînes de cosmétiques remplacent leurs emballages par des matériaux en carton écoresponsable.

Enfin, plusieurs chaines d’hôtels remplacent intégralement les produits et outils utilisés dans leurs services.

Mais cela est-il suffisant ?

De nombreux scientifiques américains, anglais et japonais travaillent à la création d’une enzyme mutante capable de digérer le plastique. Si quelques avancées notables donnent de l’espoir, il est encore trop tôt pour prononcer la fin du plastique à usage unique mondialement. Le biodégradable et le recyclage, demeurent pour le moment les principales options pouvant être appliquées individuellement.

recyclage des dechets

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